Plan d’angle

 Lydia Harambourg, 2006

LA GAZETTE DE L’HOTEL DROUOT – 12 MAI 2006 – N° 19 – PAGE 206

Avec Bernard Cousinier, la peinture, hors champs, ose sortir de son cadre. Une nouvelle fois, le peintre a pris possession de certaines parties de la galerie : les angles, qui permettent ce passage de la planéité au relief, suggéré par un jeu plastique qui réserve toujours des effets d’une grande séduction dans notre relation à la monumentalité d’une peinture. Dans un angle de la pièce, les couleurs posées en larges bandes s’amusent de décrochements incongrus pour des surprises de perspectives où se perd notre regard, amusé de circuler et d’entreprendre un chemin sans bouger d’un pas. Les aplats de couleurs vives s’animent de vibrations particulières qui suscitent une lumière pour renforcer la verticalité de l’ensemble. Des formes géométriques qui se déclinent et se renouvellent en jouant sur les plans verticaux et la couleur. En multipliant ces jeux trompeurs où le plein et le vide se renvoient leur illusoire volumétrie, l’artiste fait naître une utopie de l’espace. Ce recours au « passeplan » puis au « passevolume » et enfin au « passefenêtre » évidé, met en abîme le geste du peintre. Afin de s’approprier l’espace pour faire résonner la peinture d’une poétique que Bernard Cousinier s’emploie à nous transmettre avec sa propre magie.

LA GAZETTE DE L’HOTEL DROUOT – 12 MAI 2006 – N° 19 – PAGE 206