…« Plutôt que de gommer la frontière entre espace tridimensionnel et image bidimensionnelle, l’artiste a renforcé et souligné la planéité des cloisons qui sépare les cuves.
Ces murets sont enduits de peinture à la chaux de couleurs pastel: bleu, jaune, rose, vert, mauve… La texture est veloutée, poudreuse, comme la surface des fresques du quattrocento, et le double alignement de cuves, originellement grisâtres, semble désormais issu d’une église toscane. Se crée alors une étrange symbiose entre le bâtiment industriel désaffecté et un édifice religieux, entre ces deux vingt-deux cuves et un alignement de tombeaux, entre le souvenir des dépouilles des animaux et la beauté des couleurs, entre la décantation chimique des peaux qui avait lieu ici autrefois et le format des fosses, correspondant aux dimensions d’un corps, et qui pourrait être destiné à accueillir des gisants.
Les six aplats noirs sur les murs intérieurs du bâtiment, également peints par Cousinier, soulignent à la fois le format du mur et affirment des formes géométriques unies qui sont regardées comme des motifs picturaux. Le format, la verticalité, la monochromie lient ces interventions à l’histoire de la peinture. Les angles et les décrochements de ces formes noires font écho aux angles et aux décrochements de l’architecture, sans les redoubler, comme si se superposaient deux systèmes analogues. Visuellement, ces formes opèrent comme des trouées dans le mur, engloutissant la couleur du béton brut, les motifs des graffitis qui se trouvaient là et tous les caractères de surface, pour imposer seulement la présence à la fois massive et dynamique de ce répertoire formel. »…
Karim Ghaddab (Extrait de texte du catalogue « Global Painting »)
CATALOGUE GLOBAL PAINTING, TANNERIES D’AMILLY, 2009