La peinture face au numérique

Antoine Perrot, 2017

TEXTE PUBLIÉ SUR LE SITE WWW.PRATIQUESPICTURALES.NET  (ENQUÊTES- UNIV PARIS 1-UFR 04 ) – 2017

 

Université Paris 1 – UFR 04 / Institut Acte, UMR 8218
Programme de recherche, Pratiques picturales : peindre, regarder, énoncer.
www.pratiques-picturales.net-Contact : Antoine Perrot : ap@antoineperrot.net

Allumer / éteindre la peinture : la peinture confrontée au numérique

Dans le cadre d’une prochaine journée d’étude sur les rapports de la peinture avec l’outil numérique, nous souhaitons recueillir le témoignage de peintres sur les usages ou non du numérique dans les différentes étapes de création de leurs oeuvres.
Les questions que nous vous soumettons sont une trame qui reste ouverte et que vous pouvez prolonger sur des points que nous aurions ignorés. Les réponses négatives (absence ou refus de l’usage de l’outil numérique dans le processus de création) font également partie du champ de recherches et nous espérons qu’elles soient également argumentées.
Nota bene : Il ne s’agit pas dans ce questionnaire de l’usage de l’outil numérique comme support d’archivageou de médiation de l’oeuvre (catalogue numérique, e-book, etc.).

Enquête

1. Faites-vous usage du numérique dans le processus de création de vos oeuvres ? Pourriez-vous expliquer les raisons qui vous ont poussé à utiliser l’outil numérique ? Cet outil, par son utilisation de logiciels pré-formatés, ne limite-t-il pas la pratique du peintre ?

2. Pouvez-vous définir à quel moment de votre processus vous utilisez le numérique ? Par exemple : en amont, en faites-vous usage pour des dessins préparatoires ? pour intégrer une photographie ou une image ? pour choisir des couleurs ? Dans le cours du processus, pour mixer une image numérique et un geste pictural sur une toile ? pour renouveler le geste pictural ? En aval, pour dématérialiser la peinture en ne la présentant plus sur un support traditionnel ? pour la diffuser uniquement par projection ?

3. Souhaitez-vous que l’oeuvre achevée laisse voir les traces de cet usage ou au contraire les fait volontairement disparaître ?

4. Est-ce que l’impression d’une peinture numérique, qui fait l’impasse sur le geste manuel du peintre, sur l’unicité et la notion d’original, possède pour vous toutes les caractéristiques d’une peinture ?

5. Quelle relation établissez-vous entre l’écran de l’ordinateur et la peinture entendue comme écran ? Cette analogie a-t-elle des implications directes dans l’élaboration de vos oeuvres ?

6. Si vous n’utilisez pas l’outil numérique, le développement de celui-ci a-t-il une influence sur votre pratique picturale ? Si oui, dans quelle mesure ?

Les réponses à cette enquête donneront lieu à une restitution lors de la journée d’étude prévue au mois d’octobre 2017 et seront publiées avec les contributions de cette journée d’étude sur le site : www.pratiquespicturales. Net Nous ne manquerons pas de vous informer des suites données à cette enquête.

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J’ai pris l’habitude depuis des années, d’utiliser le numérique à travers la photo pour des repérages puis de l’utilisation de celle-ci par Photoshop afin de la transformer ou mettre en situation lieux et œuvres. Donner formes à des œuvres et installations par une mise en place de l’idée à l’aide de ce même logiciel. Ainsi donc je donnerai 2 exemples :

– Pour mon installation aux Tanneries d’Amilly (2009), m’était venue de manière précise l’idée ( l’image) d’un  travail de couleurs sur les parois  des cuves en vis à vis d’un frontal de mes formes noires  plaquées sur le  mur du fond. Je prenais l’espace en photo et travaillait ensuite avec Photoshop toute la distribution des couleurs et des formes jusqu’à ce que je sois pleinement sûr des rapports à mettre en place.
Ensuite, sur le terrain couleurs et formes étaient préparées en fonction de mon document qui de fait guida toute mon installation  jusqu’à  plus de  90% de ce qui avait été prévu.

– C’est aussi de cette manière qu’a été construite mon installation à L’H du Siège à Valenciennes (2014).

 Le résultat final colle de manière très proche à l’image du projet initial élaboré avec Photoshop.

Ainsi, je me sers du support de la photo de l’œuvre que je veux transformer. Puis j’effectue un « va et vient » permanent entre réalisation / image photo / transformation par logiciel / réalisation / image…

Entre l’écran de l’ordinateur et la réalisation, évidemment ,là ,se situe le corps physique de la peinture ( et de l’œuvre) et non plus simplement son projet ou idée. Cependant je n’ai pas l’impression malgré tout que l’image ou l’idée de l’œuvre pensée au stade de l’ordinateur est moins réelle que sa réalisation concrète et physique  au travers du matériau ou de la 3D …mais disons que  la 2ème étape permet de prendre du corps.

Ainsi,  tous les projets que j’ai élaborés  à l’aide du numérique  et qui  sont  en attente  de réalisation sont  pour moi bien réels.

TEXTE PUBLIÉ SUR LE SITE WWW.PRATIQUESPICTURALES.NET  (ENQUÊTES- UNIV PARIS 1-UFR 04 ) – 2017