Le regard et la marche, la marche du regard, regardeur-marcheur…?

Gérard Tiné, 2014

L’H DU SIÈGE, VALENCIENNES – 2014

 

Le travail de Cousinier à Valenciennes.

Une mise en situation des deux percepts fondateurs du travail actuel de Cousinier, “Passe plan“ et “Passe fenêtre “composés dans les dimensions d’un ancien atelier de menuiserie.

Deux “passes–fenêtre“ sont installés dans l’axe le plus long de la salle (environ 40m) et inscrivent leurs découpes de plein et de vide en habillant une partie de la structure porteuse de l’atelier, et ce, du sol au plafond. Ils deviennent, avec leur polychromie, éléments de l’architecture comme s’ils participaient à la logique constructive du bâti.

Les “passe plan“ et leurs polychromies composés bord à bord occupent du sol au plafond la totalité de la longueur des deux grands murs de la salle.

Une sorte de muralité reconquise sur l’histoire et retrouvée là à cet endroit de Valenciennes qui permet à B.C. de dépasser enfin la frontalité picturale du tableau aussi bien pour lui-même que pour l’amateur d’art convié à entrer dans cette mise en scène de l’espace de la couleur.

La partition est en place pour une grande orchestration polychromique composée par l’artiste mais qui se joue et s’interprète par la déambulation du regardeur–marcheur.

Les passes–fenêtres cadrent dans le dessin de leurs vides bordés de couleurs des segments du périmètre de la pièce peinte et non peinte.

Le regardeur–marcheur découvre la possibilité de son rythme, de son mouvement de parcours, de ses arrêts, de ses retours arrière … Une sorte de glissement lent du regard peut enchaîner un déplacement vif du corps  et autoriser la possibilité de penser et désirer une déambulation aux orientations vagabondes non dépourvues de surprises et de rencontres avec l’inattendu de ce qui clairement voulait se donner à voir, dans le projet de BC, en toute frontalité .

Naïveté ou ruse… de la part de l’artiste ?

La réponse lui appartient et qu’importe, mais  qu’il sache que l’aventure est bonne.

Un aventure faite de prises vagabondes surprises dans le cadre polychrome des passes–fenêtres qui recomposent la polychromie murale de la succession des passes–plans  enchâssés dans le neutre du béton. Une frontalité soudain prise en flagrant délit de désordre

A chaque mouvement, ralentissement, déplacement … l’irruption d’un espace pictural passager, précaire, jouit de se savoir vu et interprété dans le moment éphémère d’un regard qui décide d’un arrêt sur peinture après avoir outrepassé, pour ne pas dire culbuté, sinon troussé et retroussé, la dignité bien mise de la frontalité du tableau dont les “Passes plans“  se pensaient  être les dignes représentants.

G.T. 18/12/14  

L’H DU SIÈGE, VALENCIENNES – 2014